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juin
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Diplômée de l’INSA Strasbourg en 2021, Wissal Lachegur est ingénieure en mécatronique au Gepromed, institut de recherche et développement en santé à Strasbourg. Dans l’équipe mêlant ingénieurs et médecins, elle développe des simulateurs et autres outils robotiques dédiés à la formation en santé. Une alliance de la mécatronique et la médecine.

Propos recueillis par Stéphanie Robert

Wissal Lachegur a choisi la mécatronique pour son caractère pluridisciplinaire, combinaison d’informatique, mécanique et électronique. Dans son poste actuel, elle ajoute deux autres dimensions : l’anatomie et la science des matériaux ! Ce croisement des disciplines nourrit sa soif d’apprendre et son appétit pour les sciences.

Prototype de genou artificiel

Ainsi, dans le cadre de son projet de fin d’études (PFE) chez Gepromed en 2021, elle a mis au point un prototype de genou artificiel simulant les pathologies des ligaments. Destiné à la formation des futurs médecins généralistes et urgentistes, des kinésithérapeutes et des chirurgiens orthopédistes, il permettra de mieux les former à l’examen clinique, indispensable au bon diagnostic.

L’ingénieure s’est plongée dans la littérature scientifique pour étudier l’anatomie du genou et la reproduire. « Nous avons acheté la structure osseuse de la jambe. Le défi a été de simuler le fonctionnement des ligaments grâce à des cordages reliés à des moteurs, eux-mêmes commandables par une interface graphique que j’ai programmée. Nous avons sélectionné les polymères dont les propriétés mécaniques sont les plus proches des ligaments. Il a aussi fallu déterminer avec précision leur géométrie et les points d’ancrage sur les os » raconte-t-elle. « C’était un excellent sujet de PFE car complet : bibliographie, CAO(1), conception de cartes électroniques, commande de composants, fabrication de pièces par groupe laser et impression 3D, assemblage des cartes électroniques, programmation, réalisation d’un banc de test, dépôt de brevet… »

« La collaboration entre ingénieurs et médecins est passionnante »

Sa responsable, Nicole Neumann, ne tarit pas d’éloges : « C’est un projet ultra réussi. Je suis fière de ce qu’elle a fait. Wissal travaille très bien, et nous prenons plaisir à travailler avec elle ». Après son stage de 4e année durant lequel elle a conçu et développé un simulateur de chirurgie ouverte pour la formation des internes, puis son PFE, l’idylle se poursuit : Wissal Lachegur est aujourd’hui en CDI dans l’équipe.

« L’innovation et l’environnement médical me plaisent beaucoup. La collaboration entre ingénieurs et médecins est vraiment passionnante : deux visions différentes qui s’associent dans un but commun. Mon travail a un sens, je vois mes outils utilisés ». Elle souhaite « continuer de grandir avec eux ».

 

Jambe imprimée en 3D

Le premier simulateur est aujourd’hui utilisé dans le centre de formation du Gepromed. Quant au prototype de genou, un brevet a été déposé à l’automne 2021, et l’ingénieure développe une deuxième version, avec une anatomie plus complète et réaliste de la jambe. Elle est imprimée en 3D à partir de l’imagerie médicale d’un patient, avec os, muscles, ménisque, pour que le praticien retrouve les mêmes sensations que l’examen clinique réel. Entre autres projets, elle conçoit un système de fixation pour les introducteurs(2) lors des opérations chirurgicales et un dispositif de largage de stent(3).

Pédagogie active en Norvège

Wissal Lachegur est née et a grandi au Maroc. Après son bac S mention très bien, elle choisit l’INSA Strasbourg pour ses études supérieures, sur les pas de son grand frère, en génie informatique à l’INSA Toulouse.

« À l’INSA Strasbourg, nous avons une immersion précoce dans le métier, car nous nous spécialisons dès la deuxième année. C’est une pédagogie active, avec beaucoup de projets, parfois avec des entreprises. Ce sont des années où j’ai pu forger ma personnalité, j’ai appris des méthodes de travail, le sens des responsabilités, l’esprit d’initiative, l’efficacité et l’organisation ».

Son expérience la plus marquante est son semestre d’échange en Norvège, elle découvre un autre modèle universitaire, sans hiérarchie entre élèves et enseignants, avec une forte pédagogie par projet et des étudiants du monde entier. « Je ne peux que conseiller aux étudiants de profiter des partenariats internationaux de l’INSA Strasbourg, c’est une expérience extraordinaire, qui incite à sortir de sa zone de confort, à s’adapter, et qui donne une grande ouverture ».

L’INSA Strasbourg lui a aussi permis de s’initier aux arts martiaux, le kung fu et le katori shinto ryu, grâce au service de sport universitaire. Aujourd’hui, elle pratique le footing et le yoga, qui font son équilibre.


(1) Dispositifs médicaux permettant l’introduction des outils des chirurgiens à travers la peau.

(2) Petite prothèse en forme de tube insérée dans un vaisseau ou une artère rétrécie pour la maintenir ouverte, dans le cas de thrombose veineuse par exemple.

(3) Conception assistée par ordinateur.

Image à la une : Wissal Lachegur et la première version de son prototype de genou artificiel pour la formation des praticiens de santé.

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2 commentaires

  • Bonjour, et Félicitations a Wissal!! suis très admirative de ce parcours. Je voulais savoir si il existe un moyen d’entrer en contact éventuellement avec elle ou bien les responsables de cette formation atypique. Ma fille rêve d’entrer a l INSA Strasbourg et justement « deutschinsa » en mécatronique. Grosse déception sur parcoursup..trop loin sur la liste d’attente. Après un BAC OIB/ allemand, sérieuse , appliquée, motivée, maitrisant deja totalement l’anglais et l’allemand, quels sont les autres moyens qu’elle pourrait avoir pour intégrer cette section ???
    Merci pour votre retour. Myriam MASSON
    bien cordialement

    • bonjour madame,
      je ne commenterai pas ce processus d’orientation qui s’est généralisé en France depuis une dizaine d’années…
      Mais très concrètement, concernant votre fille, il y a possibilité de rejoindre la formation à bac+1 (peu de places mais peu de candidats en proportion), à bac+2 (apres prépa ou L2, ou apres DUT BUT (dans ce cas plutôt pour la formation par alternance).
      l’INSA de Strasbourg recrute environ la moitié de ses diplomés au niveau bac+2 pour suivre le cursus mécatronique sous statut étudiant(e), et 100% de ceux qui suivront la formation sous statut apprenti(e).
      Pour rentrer en contact avec les jeunes diplomés, je peux vous conseiller d’utiliser Linkedin ou de contacter le bureau des élèves;
      bonne chance dans la suite de ses études,
      cordialement,
      M Vedrines

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