En 2016 s’ouvrait à l’INSA Strasbourg la formation d’ingénieur en mécatronique par alternance, parcours franco-allemand, à la demande des partenaires industriels. Trois promotions de diplômés plus tard, la formule est gagnante, les diplômés sont rapidement opérationnels, autant à l’aise dans les environnements professionnels français qu’allemands, et dans le métier qu’ils désiraient. Trois d’entre eux témoignent.
par Stéphanie Robert
« Pouvoir travailler dans les deux langues ouvre des portes »
Thomas Ebel, ingénieur développement, Sherpa Mobile Robotics, Haguenau
« J’ai été embauché à la suite de mon apprentissage et de mon projet de fin d’études. Il a consisté à développer une partie d’un robot collaboratif et autonome pour la manutention de charges en industrie. Sherpa Mobile Robotics est une start-up de moins de 30 personnes, mes tâches sont très variées et polyvalentes : définition de l’architecture électrique, choix des composants, suivi des études mécaniques, collaboration avec les développeurs logiciels, montage et câblage des premiers prototypes, validation, appui à la production des robots, formation des collaborateurs…
Grâce à ma formation, je suis l’interlocuteur privilégié de notre fournisseur allemand concernant la charge par induction. J’ai mené toute la phase de test d’intégration des composants en allemand avec lui, c’était beaucoup plus clair qu’en anglais.
J’ai choisi la mécatronique car je voulais continuer d’être polyvalent. Ma formation m’a clairement permis de d’améliorer mon niveau d’allemand. Pouvoir travailler dans les deux langues ouvre des portes, car les échanges avec l’Allemagne sont nombreux. J’ai gagné en autonomie grâce à l’expérience du terrain, j’ai été directement opérationnel, on m’a confié des sujets importants rapidement. Aujourd’hui, j’adore ce que je fais. »
« Tous les enseignements reflètent exactement la réalité du métier »
Estelle Fischer, ingénieure supervision et automatisme industriel, Schmidt Groupe[1], Sélestat
« J’assure la fiabilité des équipements de production de l’usine U3 à Sélestat, une usine du futur ouverte en 2017. Cela représente une vingtaine de robots, une vingtaine d’automates, 80 ordinateurs industriels et des véhicules autoguidés, pour assurer toutes les opérations, de l’entrée des matériaux à l’emballage des panneaux usinés.
Le parcours franco-allemand m’a permis de décrocher ce poste, car l’allemand est très important chez Schmidt Groupe : de nombreux programmes sont écrits en allemand, les fournisseurs sont allemands… Il faut pouvoir leur parler dans leur langue maternelle pour argumenter et bien se comprendre. Ça me sert au quotidien. Ingénieur en mécatronique franco-allemand est un profil très recherché.
J’avais un niveau B1 en allemand, les cours à l’INSA Strasbourg m’ont permis d’atteindre le niveau nécessaire pour suivre un semestre à la Hochschule d’Offenbourg (Allemagne). J’ai adoré ce semestre, c’était la meilleure période de ma scolarité.
C’est une très bonne formation, très orientée vers le terrain et la production. Tous les enseignements reflètent exactement la réalité du métier. Le parcours franco-allemand rend la formation en mécatronique encore plus intéressante, attirante, valorisante. Aujourd’hui, je donne des cours d’automatisme appliqué à l’usine du futur, à l’INSA Strasbourg. »
[1] Fabricant français de meubles, notamment de cuisines avec les marques Schmidt et Cuisinella, Schmidt Groupe emploie près de 1800 salariés en France et réalise 1,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
« La dimension franco-allemande de mon diplôme a été primordiale pour trouver ma place en Allemagne »
Aurélien Juret, ingénieur intégration systèmes, Technology & Strategy, Stuttgart (Allemagne)
« Je suis en mission longue chez Bosch à Stuttgart, pour le cabinet de consulting Technology & Strategy qui m’a recruté en CDI. Je participe au développement des systèmes de Park Assist, pour l’assistance intelligente et automatique au stationnement, grâce auquel le véhicule va jusqu’à effectuer la manœuvre en autonomie. Mon projet actuel consiste à intégrer ces systèmes dans douze véhicules de différentes marques (Mercedes, Land Rover, Audi, BMW).
La dimension franco-allemande de mon diplôme a été primordiale pour trouver ma place en Allemagne, pour m’intégrer et évoluer. L’équipe est entièrement germanophone, il est nécessaire de communiquer en allemand. Mon niveau d’allemand était assez bas (A2), la formation m’a permis d’acquérir l’allemand technique. Ça a été un net avantage, ça m’a ouvert les portes ici. Les entretiens sont en allemand et certains postes exigent d’être germanophone.
Les études de mécatronique donnent des bases solides, grâce auxquelles on s’adapte rapidement pour construire son expertise. J’ai pu me spécialiser dans l’automobile pendant mon alternance chez Mahle, important équipementier allemand installé en Alsace, et pendant mon semestre à Offenbourg. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce au diplôme, ça correspond exactement à ce que je voulais. »
Focus : La formation mécatronique en alternance, franco-allemand
« La France et l’Allemagne sont les premiers partenaires économiques l’un de l’autre, particulièrement dans l’industrie. En mécatronique, l’Allemagne joue un rôle prépondérant au niveau international. Quand on parle la langue de son interlocuteur, on arrive beaucoup mieux à se comprendre » expose Marc Védrines, responsable de la formation. La formation dure trois ans, elle comprend notamment des cours techniques en allemand et un semestre d’études à la Hochschule d’Offenbourg.
La première promotion a été diplômée en 2019. L’effectif est aujourd’hui de 17. Les diplômés travaillent majoritairement en France (80%), les autres en pays germanophones, dans des grandes entreprises industrielles, mais aussi des PME et des start-up. « En majorité, ils ne pourraient pas occuper leur poste actuel s’il n’y avait pas eu ce volet franco-allemand » souligne-t-il.
En savoir plus sur la formation mécatronique par alternance, franco-allemand
2 commentaires
Bonjour,
Est ce que la formation mécatronique en alternance franco-allemand nécessite une connaissance de la langue allemande?
Cordialement,
bonjour,
oui, un niveau minimum B1 est attendu. L’objectif est de pouvoir atteindre le niveau B2 en semestre 7 pour assister aux enseignements en Allemagne le semestre 8.